Par Jean-Luc Pasquinet

En ce qui concerne la production d’électricité le cas français est une exception du fait de la part de la production d’électricité nucléaire (80%) ce qui en fait une exception dans le monde. Notons donc ce premier décalage entre la France et les autres pays. Dans le monde l’essentiel de l’électricité est produite par des réacteurs thermique fossiles à charbon, gaz ou fuel…avec l’exception d’un pays balte…
Le première chose qu’on peut en dire c’est que le nucléaire n’est pas reconvertissable. Il ne peut avoir qu’un seul destin, c’est son arrêt le plus rapidement possible. Autre différence notable, par rapport aux autres industries, puisque par exemple on peut réutiliser les locaux d’une usine comme à Détroit pour faire de la permaculture, ou les chaines de production automobiles pour produire des cogénérateurs, par exemple. Dans le cas d’un réacteur rien n’est recyclable, et même les installations nucléaires nous laissent des problèmes insolubles pour l’éternité…

A propos de l’arrêt immédiat du nucléaire, il est à remarquer que la plupart des pays ayant annoncé son arrêt l’ont prévu sur une très longue échelle de temps, par exemple 25 années en Allemagne. Or, au-delà du problème de la survenue d’un accident n’importe quand ce qui devrait nous pousser à tout faire pour l’arrêter immédiatement, on s’aperçoit que dans des pays démocratiques comme l’Allemagne, un changement de majorité peut facilement remettre en cause cet engagement…sur une aussi longue période de temps.

Il faut donc l’arrêter le plus vite possible techniquement cela veut dire que le rythme d’arrêt du nucléaire entre en contradiction avec une politique de relocalisation d’un pays, car il s’agit dans ce dernièr cas de changer radicalement de façon de produire et de consommer et cela peut s’étendre sur très longtemps, cela nécessitera un certain nombre d’années pour éviter les crises, et mettre en œuvre un système global permettant la relocalisation démocratique de la vie d’un pays…

Donc il nous faut réduire l’impact de ce décalage de rythmes, en acceptant d’un côté le nécessaire recours au thermique classique au charbon, gaz, fuel pour éviter tous stress, et de l’autre la nécessité de réduire ses consommations d’énergie, en relocalisant.

Une autre chose qu’il faut noter avec le nucléaire, ou avec la production d’électricité dans les pays industrialisés, c’est qu’il est le fait de grosses unités de production. Un réacteur nucléaire peut avoir une puissance de 950 à 1450 Mw un barrage de 50 à 800 MW, alors qu’une éolienne industrielle ne dépasse pas aujourd’hui 5 MW. Si les sociétés industrielles ont fait le choix de grosses unités de production c’est pour répondre à une demande concentrée et importante de la part des usines, entreprises, grandes villes. On ne peut donc pas imaginer passer d’un seul coup d’une société basée sur la concentration à une société décentralisée, et il y aura encore besoin pendant longtemps de grosses unités de production d’électricité pour satisfaire des besoins concentrés et importants….

Ajoutons à cela le décalage entre la consommation des entreprises et celles des ménages. La consommation des entreprises représente 70 % de la conso d’électricité en France, et elle diminue depuis quelques années de 1 % par an. Cela veut dire que ce secteur a commencé la décroissance de sa consommation, alors que la consommation des ménages augmente régulièrement de 2 % environ, sont inciriminés entre autres, les NTIC, l’ordinateur, les portables.

C'est-à-dire que si l’on voulait réduire la consommation globale d’électricité de 15 %, cela signifierait par exemple une réduction de la consommation des ménages de 50 %, ce qui est collosal et demanderait des investissements énormes…car touchant la moitié de leur consommation. L’impact sur la consommation industrielle serait plus facileà réaliser, car touchant moins d’unités, et en plus elle serait plus efficace, puisque une réduction de 50 % entrainerait une réduction de 35 % contre 15 % pour les ménages…

Tout se passe comme ci notre civilisation industrielle devait résoudre une contradiction de taille, d’un côté les entreprises doivent réduire leur consommation d’électricité pour réduire leurs coûts et de l’autre les ménages ne peuvent qu’augmenter cette consommation d’électricité pour consommer les produits vendus par les entreprises… : comment inverser ce décalage autrement qu’en changeant de civilisation ?